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Le texte, trouvé sur internet, qui a été un peu à l'origine
de cette exposition et auquel j'ai emprunté le titre:
Un rituel sans images
La participation à un enterrement vient de me donner l'occasion de réaliser
qu'il s'agissait d'un rituel sans images, et en particulier sans photographies.
Contrairement à la plupart des rituels qui scandent la vie depuis la naissance,
tous copieusement photographiés, les obsèques se déroulent sans que personne
ne sorte d'appareil photo. Du moins les obsèques des gens ordinaires.
Car il en va tout autrement avec les enterrements de célébrités : dans
ce cas, l'image est omniprésente pour montrer les célébrités venues rendre
hommage à la célébrité défunte.
La seule présence photographique est celle, désormais,
du portrait du défunt présenté sur son cercueil pendant la cérémonie religieuse,
puis transporté au cimetière en même temps de son cercueil. Sinon, l'ensemble
du rituel se déroule sans laisser aucune trace photographique ni filmique.
Est-ce lié à la signification symbolique de l'enterrement qui vise à opérer
la séparation avec la réalité physique du défunt et donc à le verser dans
le registre symbolique du souvenir ? Mais cela est contredit par la floraison
des images, de plus en plus photographiques, sur les tombes, comme j'ai
pu le constater dernièrement dans des cimetières vendéens. Contredit également
par la profusion photographique qui caractérise les autels domestiques
dédiés aux personnes décédées.
N'est-ce pas dû plutôt à nos conventions du deuil et du
chagrin qui interdiraient d'en fixer des images (mais la peinture religieuse
en est pleine), ou encore qui, dans de telles circonstances, font de chacun
une anti-thèse du sujet photographiable ? Pourtant les larmes sont l'un
des signes émotionnels les plus forts, au moins autant que le sourire.
Quelles qu'en soient les causes, voici donc un rituel
important qui se déroule sans image et ne laisse pas de trace.
Sylvain Maresca (21 novembre 2012). Un rituel sans images.
La vie sociale des images
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